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Comptabilité Guide CNCC / IFACI Les enjeux du reporting intégré À l'occasion d'une conférence organisée conjointement, l'IFACI (Institut français de l'audit et du contrôle internes) et la CNCC (Compagnie nationale des commissaires aux comptes) ont présenté un guide sur les enjeux de la mise en place d'un reporting intégré. État des lieux des informations communiquées par les entreprises - Historiquement la communication des entreprises auprès des investisseurs concernait des données financières (comptes annuels audités, comptes intermédiaires) et des événements significatifs (difficultés opérationnelles, signature de contrats…). Désormais, les investisseurs n'attendent plus seulement des informations financières, ils attendent une vision d'ensemble, claire et précise des leviers de création de valeur de l'entreprise pour optimiser leurs décisions. De fait, les entreprises ne se limitent plus à la publication de leurs comptes et de leur rapport de gestion (déjà volumineux). Elles produisent des informations de natures différentes en établissant des rapports sur : -le développement durable ; -la qualité ; -le contrôle interne ; -la gestion des risques… Ce foisonnement, parfois doublé d’une redondance inutile, est loin d’être source d’efficience pour les émetteurs et les destinataires de ces rapports. Un exemple est celui du document de référence. Ce constat a déjà donné lieu à plusieurs recommandations : -au niveau européen, par la FEE (Fédération des experts-comptables européens) qui préconise un rapport global ou une synthèse donnant une idée claire et juste des principales activités de l’entreprise, de ses principaux résultats financiers et des informations complémentaires pertinentes et significatives pour les parties prenantes ; -au niveau national, dans le cadre d'une étude de l'Institut Messine, groupe de réflexion porté par la Compagnie nationale des commissaires aux comptes, qui propose de mettre en place un « avant-propos stratégique » où le management livrerait son analyse de l’exercice écoulé, ses attentes pour l’exercice en cours et, au-delà, sa vision stratégique pour l’entreprise. D'une façon générale, les communications des entreprises ne répondent plus totalement à la demande des parties prenantes, et ce notamment quant : -au fonctionnement de la chaîne de création de valeur de l’organisation ; -aux perspectives de l'entreprise à court, moyen et long terme. Présentation et objectifs du reporting intégré - Le reporting intégré permet d'expliquer de façon concise comment la stratégie, la gouvernance, la performance et les perspectives de l'organisation conduisent, compte tenu de son environnement, à créer de la valeur à court, moyen et long terme. Son objectif est de donner une vision globale et intelligible du modèle économique, de la stratégie, de l'organisation et de la gouvernance de l'entreprise, avec un nombre restreint d'indicateurs pertinents pour son écosystème. Articulé autour des fondamentaux de la création de valeur, le reporting intégré soutient une meilleure prise de décision en l’ancrant dans une logique de stabilité financière et de vision long terme. Parmi les avantages d’une telle démarche, citons notamment la possibilité : -de disposer de données pertinentes pour faciliter l'orientation stratégique de l'entité ; -d'avoir une vision sur la manière dont l’organisation gère et renforce ses principaux capitaux en ligne avec sa stratégie, les risques, les opportunités et les perspectives ; -d'apporter une clarification des leviers de création de valeur qui facilite le décloisonnement de l’organisation ; -de fournir une base pour un engagement plus significatif vis-à-vis des investisseurs ; -d'optimiser une communication qui devient utile et cohérente pour les parties prenantes clés car centrée sur la stratégie et le business model. L’alignement du reporting externe sur la réalisation des objectifs à court, moyen et long terme de l’organisation améliore la focalisation de l’ensemble des acteurs dans un esprit d’innovation et de bonne gouvernance. Le reporting intégré en pratique - En France, les entreprises produisant un reporting intégré sont très peu nombreuses (une vingtaine). Sa mise en place suscite des interrogations dont certaines constituent à tort des freins au lancement de sa démarche. C'est le cas notamment : -du risque d’exposer l’entreprise à la concurrence et / ou à des contentieux. Le reporting intégré est d'application volontaire, ce sont les instances de gouvernance qui choisissent les informations à divulguer. Il permet, par ailleurs, d'anticiper et de gérer les critiques des parties prenantes qui finiront probablement par ressurgir dans le contexte environnemental (lanceurs d'alertes, réseaux sociaux…) ; -du coût supplémentaire nécessaire à l'établissement de cette information. Le reporting intégré ne génère pas une information supplémentaire, mais une information plus pertinente ; -de l'absence de normes précises permettant de mesurer et communiquer la performance extra-financière. Le reporting intégré n'est pas standardisé et facilite ainsi la focalisation sur les enjeux sectoriels les plus pertinents pour l'organisation ; -du risque de détériorer le cours d'une action à la suite de la communication d'information sur la dégradation de la performance extra-financière. Qu'elle soit sanctionnée ou pas par le marché, cette dégradation aura un impact sur la performance globale à moyen terme. Le reporting intégré permet de sélectionner les indicateurs pertinents et ainsi de renforcer le suivi des performances et l'efficacité des mesures de remédiation. Sa mise en place au sein de l'organisation et les bénéfices attendus de celle-ci nécessitent : -une volonté d'innover portée au plus haut niveau de l'organisation ; -une vision partagée des leviers de création de valeur ; -la mise en place ou le développement des systèmes d'information afin de les adapter ; -la fiabilité des informations communiquées ; -une communication pertinente. CNCC / IFACI, conférence et guide « Reporting intégré, piloter et communiquer la création de valeur », 24 novembre 2016 |