Gestion
4 Savoir définir et mettre en oeuvre une politique d'archivage
L'archivage des données doit permettre leur restitution en vue du contrôle de l'administration fiscale. Les entreprises sont libres du choix des techniques d'archivage (support pérenne notamment), pourvu que les données soient intègres et lisibles jusqu'à ce que la prescription soit acquise. Nous détaillons ici les bonnes pratiques et les erreurs à ne pas commettre face aux exigences de l'administration.
Les difficultés constatées en pratique
Sauvegarder n'est pas archiver
La confusion entre archivage et sauvegarde est une erreur fréquente. Le tableau ci-dessous explique les différences fondamentales entre ces deux procédures.
Différences entre sauvegarde et archivage |
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Sauvegarde |
Archivage électronique |
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Objectif |
Restauration de données et systèmes |
Conservation de l'information (document de référence ou archive probante) |
Gestion des risques |
Limite le risque des pertes et de corruption des données et des systèmes |
Limite le risque de contentieux et garantit la conformité à la réglementation |
Architecture de stockage |
Hors ligne (bandes) et/ou hors site |
En ligne, léger différé (robot de bandes, juke-box de supports optiques...), stockage de nouvelle génération dit « compliant », et hors ligne |
Accès |
Fréquence imprévisible Souvent urgent Accès au niveau de la base de données ou du système |
Fréquent pour les archives récentes Occasionnel pour les archives intermédiaires Imprévisible pour les archives anciennes Accès au niveau du dossier ou du document |
Sécurités d'accès |
Au niveau du jeu de sauvegarde Accès par le personnel de l'exploitation informatique relevant de la DSI |
Au niveau de la base d'archivage et au niveau des catégories d'archives Accès par le personnel du service producteur ou concerné |
Indexation |
Au niveau du jeu de sauvegarde |
Au niveau du document |
Audit et conformité |
Exigences de conformité à la situation sauvegardée pour permettre la restauration due à un incident |
Exigences de conformité à la politique d'archivage Historique de la capture, de l'accès, du sort final et de la vie du système |
Conservation |
Conçu pour une conservation à court terme |
Conçu pour une conservation à long terme Conservation pendant les durées requises |
Ainsi, le maintien en ligne pour consultation d'une copie des bases de données des ERP pour les exercices clos est parfois présenté par les services informatiques internes comme une possible réponse aux exigences d'archivage. Or, un tel choix ne permet pas nécessairement de garantir l'intégrité et la valeur probante des données et traitements.
Ce choix peut de plus s'avérer coûteux, dans la mesure où il requiert le maintien de serveurs et de licences dédiés. Il rend l'entreprise dépendante du maintien des matériels et systèmes d'exploitation. Cela peut se révéler problématique en cas d'obsolescence de ces derniers ou d'arrêt des supports et des tierces maintenances. Enfin, il ne garantit pas la restitution des données en format non propriétaire.
Les dangers du stockage en réseau
Par ailleurs, le stockage en réseau ne garantit aucunement la pérennité du support, ni l'authentification des données (absence d'altération et date certaine).
Selon l'instruction de 2006, les documents, données et traitements soumis au droit de contrôle de l'administration et détenus par des tiers doivent être accessibles sur le territoire national, en cas de contrôle, quel que soit le lieu habituel de détention (à l'étranger notamment). Or, les contrats d'infogérance ne prennent pas toujours en compte cet aspect.
De surcroît, les assujettis à la TVA ne peuvent stocker les factures transmises par voie électronique dans un pays non lié à la France par une convention prévoyant, d'une part, une assistance mutuelle et, d'autre part, un droit d'accès en ligne, de téléchargement et d'utilisation des données.
Pour ces raisons, une grande prudence est donc conseillée à l'égard des offres d'ERP en mode SaaS. Il semble en effet difficile d'avoir la garantie absolue que le stockage des données respecte les règles décrites ci-dessus.
De nombreuses interrogations se posent aussi quant à la documentation et à l'archivage.
L'écueil de l'archivage en interne
Les services informatiques ont su mettre en place des centres de compétences où les compétences informatiques sont complétées par des compétences métiers. Les directions informatiques disposent désormais de personnel connaissant dans le détail les systèmes comptables, le contrôle de gestion et les autres services opérationnels comme les ventes ou les achats. Par ailleurs, les directions informatiques font l'objet d'audits multiples, réguliers et divers.
La direction informatique et ses équipes sont donc avec raison confiantes dans leurs connaissances métiers, ce d'autant que les évolutions des systèmes d'information intègrent souvent des validations par les directions métiers, ainsi que dans la compliance, puisqu'elles consacrent une part importante de leur temps à répondre à des audits. Cette confiance peut cependant s'avérer dangereuse.
Par ailleurs, la plupart du temps, les seules compétences juridiques des directions informatiques concernent le droit des contrats avec les prestataires. Le fiscaliste, lorsqu'il existe, n'a souvent jamais été impliqué dans le projet de mise en place de l'ERP.
Les échanges entre fiscalistes, comptables et informaticiens sont indispensables afin de s'assurer d'une mutuelle compréhension des enjeux. Or, l'absence de communication entre ces acteurs est fréquente, même dans les plus prestigieuses sociétés du CAC 40.
Les autres points à surveiller
Voici d'autres exemples de difficultés rencontrées :
- l'absence d'archivage des pièces justificatives dématérialisées,
- l'absence d'archivage à valeur probante des livres comptables légaux,
- l'absence de manuel décrivant l'organisation et les processus comptables,
- l'existence d'autorisations ou de transactions rendant possible la modification des écritures après clôtures, dont on ne peut plus garantir de ce fait l'intangibilité,
- l'écrasement des traces de modifications des paramétrages, à l'occasion d'opérations spéciales de maintenance technique,
- l'impossibilité d'extraire les données archivées dans les formats et/ou le temps requis pour le contrôle,
- la fusion de systèmes assortie de transcodage, qui supprime le chemin de révision,
- la migration de systèmes non assortie d'archivage à valeur fiscale,
- la fusion de sociétés (ou d'organisations) au cours de laquelle les exigences du contrôle fiscal informatisé ne sont pas gérées,
- l'incapacité à rejouer les traitements.
Qu'est-ce qu'une politique d'archivage ?
Disposer des informations adéquates à long terme implique l'archivage des données, mais aussi des fichiers, tables et paramètres. Cet archivage doit présenter des garanties suffisantes en termes de conservation et de préservation de l'intégrité.
Les questions à se poser
Répondre aux questions suivantes aide à définir la politique d'archivage de l'entreprise :
- quel est le périmètre d'archivage ?
- quelle est la volumétrie des données à archiver ?
- quelle durée de conservation choisir ?
- quels supports utiliser pour garantir une conservation pérenne des données pendant la période souhaitée ?
- comment donner une valeur probante à l'archivage ?
- comment permettre la consultation et la restitution dans des délais compatibles avec les contraintes légales et/ou requis par les utilisateurs potentiels ?
- sous quelle forme restituer les données ?
- comment gérer les autorisations d'accès ?
- comment classer les archives de manière à pouvoir les identifier ultérieurement ?
- quelle politique de destruction adopter ?
- quel équilibre trouver entre les durées de conservation, les coûts de stockage et les risques encourus en cas de perte de l'information ?
Satisfaire simultanément les autres contraintes légales
Par ailleurs, la définition de la politique d'archivage ne peut être fondée sur des seuls critères fiscaux et comptables. Elle doit prendre en compte d'autres considérations, comme les délais de prescription civile et commerciale, les éventuels contentieux, les besoins de conservation liés à la préservation de la continuité d'activité, des considérations d'ordre patrimonial ou historique.
Faut-il externaliser l'archivage ?
L'archivage peut être externalisé, totalement ou partiellement, auprès de tiers archiveurs dès lors que ces derniers satisfont aux critères listés ci-dessus.
Des critères de l'archivage traditionnel à ceux de l'archivage électronique |
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Critères |
Archivage traditionnel |
Archivage électronique |
Pérennité |
Qualité des supports et conservation d'un exemplaire unique |
Écritures en multiples exemplaires, utilisation de formats informatiques non propriétaires, etc. |
Intégrité |
Méthodes de protection des objets (en limitant leurs sorties) |
Catalogue des objets conservés, outils permettant de détecter toute modification des objets conservés |
Sécurité |
Contrôle des accès, protection des locaux et de leur contenu (contre l'incendie, les dégâts des eaux, les nuisibles, etc.) |
Contrôle des accès physiques, protection des locaux (contre l'incendie, les dégâts des eaux, etc.), gestion des droits d'accès informatiques, administration du système, réplications, sauvegardes des systèmes, etc. |
Traçabilité |
Journal des événements |
Journal des événements |
Authenticité |
Signature et date |
Signature électronique, horodatage, calcul et gestion d'empreintes, etc. |
Lisibilité / Intégrité |
Implicite. Attention, certains documents peuvent s'estomper avec le temps (carbone, papiers chimiques, etc.) |
Dispositifs matériels (lecteurs), formats de stockage, métadonnées spécifiques |
Disponibilité |
Organisation des moyens et des ressources |
Organisation des ressources, plan de continuité, solutions de back-up, plan de reprise d'activité |
Source : Fédération nationale des tiers de confiance (FNTC). |
Le choix entre archivage en interne ou archivage externalisé sera fonction notamment de la disponibilité de compétences internes, de la qualité de service, du coût global de l'archivage, du rôle de certification joué par le tiers, et de la possibilité d'accéder aux archives sur le territoire national (et pour les factures soumises à TVA, dans les locaux de l'entreprise ,selon l'article R* 102 -1 III du LPF).
Définir le périmètre d'archivage
Que faut-il archiver ?
-> L'archivage sur support informatique portera sur :
- les livres comptables légaux ;
- le fichier des écritures comptables ;
- les pièces justificatives dématérialisées ;
- le plan comptable de l'entreprise ;
- la table des taux de TVA ;
- le fichier d'inventaire ;
- les données de gestion des immobilisations (validation des montants de dotations aux amortissements...) ;
- la comptabilité analytique ou budgétaire ;
- les éléments de calcul des dépréciations et provisions ;
- la détermination de coûts de production, d'achat, de revient ou de transfert, des marges... ;
- le périmètre de gestion défini lors de l'analyse des applications et interfaces ;
- la documentation sur support informatique. Notons qu'à ce niveau, l'utilisation d'une gestion électronique de documents (GED) peut constituer une alternative de conservation.
-> En parallèle, il faudra procéder à l'archivage papier des pièces justificatives et de la documentation établie sur ce support.
La politique et la définition du périmètre d'archivage sont fonction des spécificités de chaque entreprise, qui arbitre entre coûts et risques liés à l'archivage. Le périmètre d'investigation du vérificateur « relève, en tout état de cause, de l'appréciation d'une situation de fait, soumise par définition au contrôle ultérieur du juge de l'impôt »... lequel a le dernier mot.
Cas des groupes ayant des filiales hors de France
Dans les groupes internationaux ayant centralisé leurs systèmes d'information, l'ERP utilisé gère plusieurs entités dans différents pays.
Remarque D'autres pays de l'OCDE ont une réglementation comparable à la France en matière de contrôle fiscal des comptabilités informatisées, qui nécessitent de mettre en oeuvre un archivage des données. Dans la mesure où le système d'information gère plusieurs pays, le périmètre d'archivage devra aussi tenir compte des spécificités nationales. Signalons cependant que le champ des données à archiver défini par la législation française est l'un des plus exhaustifs.
En théorie, la réglementation des contrôles fiscaux étant spécifique à chaque pays, une entreprise qui a défini un processus d'archivage sur l'un des pays où elle gère des personnes morales ou des établissements stables ne devra envisager de déployer un tel processus sur un autre pays qu'après s'être assurée que sa politique d'archivage correspond à la réglementation locale, mais aussi à la culture et aux habitudes des auditeurs du pays en question.
Or, cette logique est contraire aux habitudes des services informatiques des grandes entreprises qui tendent à vouloir déployer un « Core Model » (modèle de référence) de façon uniforme.
Par ailleurs, dans le cas des applications utilisées pour gérer plusieurs entités juridiques dans plusieurs pays, la modification des règles de gestion et des paramètres devra faire l'objet d'une procédure spécifique et d'une attention particulière.
Exemple
Un changement dans la table des codes TVA ou dans le plan comptable peut avoir des impacts directs sur plusieurs pays, du fait d'une codification miroir.
Modalité d'archivage à retenir
Données dématérialisées pour l'obligation de présentation
Les livres comptables légaux, ainsi que les pièces justificatives, soumis à l'obligation de présentation, doivent être conservés dans un format lisible par les vérificateurs (de type PDF ou fichier Print), de façon à pouvoir répondre aux obligations de présentation de la comptabilité.
Toutefois, le contribuable peut satisfaire à cette obligation en présentant les écritures comptables sous forme dématérialisée (LPF art. L. 47 A).
Obligation de pouvoir fournir des copies de fichiers structurés
L'obligation de résultat
Pour l'ensemble des données entrant dans le périmètre, en cas de traitement effectué par les vérificateurs (option c de l'article L. 47 A II du LPF), les contribuables doivent pouvoir remettre des copies de fichiers respectant les exigences de l'article A. 47 A-1, c'est-à-dire sous forme de « fichiers à plat, à organisation séquentielle et structure zonée ». Les entreprises ont donc une obligation de résultat, peu important les moyens d'y parvenir.
La mise en oeuvre
En réalité, l'article L. 47 A-1 du LPF ne définit pas un format, mais plutôt un système de codification alphanumérique sur support informatique. Le jeu de caractères requis par l'administration est l'ASCII ou l'EBCDIC. D'autres types de codification existent.
Notons que la DVNI admet l'utilisation de l'UTF-8, mais n'a pas encore mis à jour les instructions fiscales en conséquence.
Pratiquer des tests d'extraction Extraire un fichier plat est considéré usuellement comme le « b.a.-ba » dans les services informatiques. Pour autant, l'expérience montre que la réalisation de telles extractions pose régulièrement de nombreuses difficultés. Pour les prévenir, les entreprises gagneront à procéder à des tests significatifs, avec des volumétries réelles, et en vérifiant l'ensemble du processus (c'est-à-dire jusqu'à la livraison au lieu souhaité du ou des fichiers et en testant son ouverture dans la solution d'audit).
Les archives ainsi constituées doivent permettre de reconstituer les documents comptables justifiant les déclarations fiscales à l'aide des informations utilisées ou produites par le système comptable.
Exemple
Les fichiers de données ayant un lien dans la constitution de la facture sont à conserver (table des codes TVA, référence articles de l'année archivée...) de façon à pouvoir reconstituer une facture dans son intégralité avec tous les champs qui y figurent, comme ils apparaîtraient sur une facture papier.
Rappelons que parallèlement à cette procédure, l'édition des livres comptables obligatoires doit être archivée en format PDF ou Print pour satisfaire à l'obligation de présentation.
Peut-on se contenter de simples sauvegardes à valeur probante ?
Il arrive fréquemment que l'entreprise se contente d'archiver de simples sauvegardes de son système (en mettant en oeuvre une procédure de figement et en assurant la valeur probante). Elle doit être en mesure en ce cas de restituer les données sous forme de fichier à plat respectant les critères de l'article A. 47 A-1, ce qui implique qu'elle conserve durant toute la période contrôlable :
- l'environnement matériel et logiciel correspondant à chaque exercice concerné ;
- les outils permettant l'extraction et la conversion dans ce format.
Aussi, pour limiter les risques, les entreprises auront intérêt à archiver en respectant le format préconisé par l'administration.
Importance de la documentation en complément
Cependant, des fichiers à plat, à eux seuls, ne reflètent pas la structure d'une base de données, ainsi que les échanges entre applications. C'est pourquoi il est nécessaire de respecter en parallèle l'obligation de documentation en réalisant une cartographie du système d'information et des bases de données employées de manière à refléter l'architecture matérielle et logicielle utilisée.
Procédure d'archivage et de figement
L'obligation légale de figement
Selon l'article 420-6 du PCG, l'entreprise doit mettre en oeuvre « une procédure de clôture destinée à figer la chronologie et à garantir l'intangibilité des enregistrements » comptables.
Par extension, l'instruction fiscale de 2006 (BOI 13 L-1-06) souligne que la mise en oeuvre de cette « procédure périodique de “ figement ” des données dans un fichier “ archives ” renforce le caractère incontestable de l'archivage effectué », et qu'elle est « de nature à garantir aux entreprises qu'elles se conforment à leurs obligations de conservation ». Elle donne date certaine aux documents et données de la période.
Procédure pratique
L'acte de figement consiste à extraire du système une copie des données, pour la période concernée, soit au moment de la clôture de période, soit lorsqu'une déclaration est déposée.
Date système de création des fichiers
Selon l'administration fiscale, le fichier devra comporter la date système à laquelle on procédera à l'opération de figement.
Cette date de création doit être corrélée avec les dates de dépôt des déclarations fiscales et des clôtures comptables. Par exemple, les fichiers justifiant des déclarations de TVA seront archivés et datés mensuellement ou trimestriellement, en fonction des règles d'imposition applicables à l'entreprise.
Il faut cependant souligner que la date système est un paramètre facilement modifiable, du moins sur un PC ou un serveur. À elle seule, elle ne présente pas de garantie suffisante de preuve de nature à garantir une date certaine en cas de contestation ultérieure.
La signature électronique, seul gage d'authenticité
Pour garantir l'authenticité des archives, il sera nécessaire de faire appel à une procédure de signature électronique. Dans ce but, on pourra recourir à la sécurisation des documents dématérialisés et des données au moyen d'une procédure de signature électronique conforme à la norme NF Z42-013 :
- dès leur production pour tous les documents dématérialisés,
- pour tous les fichiers de données dès leur constitution, immédiatement à la suite du traitement de clôture.
L'archivage du fichier (document ou données) et de sa signature électronique est réalisé immédiatement à la suite de leur constitution.
Garder la trace des éventuels incidents d'archivage
Il est aussi important, pour les systèmes d'information complexes, de pouvoir tracer d'éventuels incidents intervenus à l'occasion des opérations d'archivage : les données perdues, indûment détruites, illisibles doivent être identifiables.
Rédiger un « plan d'archivage »
L'organisation et la mise en oeuvre de l'archivage peuvent être présentées dans un document ou une procédure écrite, parfois appelé « plan d'archivage ».
Description de l'organisation de l'archivage
Outre le calendrier et le périmètre, le plan d'archivage doit aussi organiser :
- la responsabilité des travaux d'archivage ;
- la gestion des demandes de rechargements ;
- la destruction des archives, une fois la prescription acquise.
Ce document, préparé par l'équipe projet, doit être validé par le comité de pilotage. Les fonctions suivantes doivent avoir été consultées : direction de systèmes d'information, fonction juridique, équipes métiers, responsable documentaire ou « records manager ».
Information sur l'archivage papier
En sus des aspects spécifiques au CFCI, le plan d'archivage abordera aussi la question de l'organisation des archives papier, de manière à assurer la cohérence globale de la politique d'archivage de l'entreprise.
La référence dans le système d'information d'une pièce justificative papier doit permettre de la retrouver aisément dans les archives physiques.
Information sur l'archivage des éléments dématérialisés
En ce qui concerne l'archivage des données et documents dématérialisés, la procédure d'archivage doit traiter les sujets suivants.
• Sélection des données et documents : respect du périmètre d'archivage.
• Qualité des archives :
- respect des formats fixés par l'administration fiscale ;
- informations complètes, référencées, validées et datées.
• Organisation du système d'archivage :
- producteur de l'information ;
- propriétaire (maîtrise du contenu et validation de la durée de conservation) ;
- utilisateurs des archives (règles d'accès, conditions de mise à disposition des tiers, notamment des vérificateurs et des commissaires aux comptes) ;
- responsabilité de l'archivage ;
- administration du système d'archivage ;
- maintenance des archives.
• Pérennité des supports.
• Règles et procédures de destruction.
• Externalisation partielle ou complète : rôle joué par un tiers dans le dispositif.
• Procédure de rechargement des archives pour consultation.
Cas de restructurations d'entreprises
Les entreprises sont fréquemment l'objet de réorganisations (restructuration, fusion, rachat, suppression d'entités). Dans ces circonstances, on veillera à :
- la transmission et la pérennité des archives en cas de changement de structure juridique et/ou organisationnel ;
- l'harmonisation des politiques et systèmes d'archivage électronique des différentes entités.
De plus, la politique d'archivage doit faire dorénavant partie des thèmes explorés lors des audits d'acquisition.
Connaître les risques liés aux épurations de données
Le contexte
Les systèmes d'information des entreprises sont de plus en plus complexes et intégrés, traduisant en cela la complexification croissante des processus d'entreprise.
Précision Les quantités de données traitées vont croissant. Il y a 20 ans, un système Mainframe ne pouvait dépasser la volumétrie de 4 Go. Aujourd'hui, des volumétries de un To sont fréquentes, soit près de 1 000 fois plus.
La robustesse et la qualité des progiciels de gestion s'étant considérablement accrues, il est désormais courant qu'une application puisse évoluer et soit ainsi conservée durant plus de 10 ans, et parfois beaucoup plus.
En conséquence, il est fréquent que seules 10 % des données d'un système soient réellement opérationnelles, les 90 % restant étant par exemple des commandes reçues, livrées, facturées et réglées depuis de nombreuses années.
Cette volumétrie passive génère des coûts de gestion informatique importants et provoque un ralentissement parfois intolérable des temps de réponse. Les impératifs de gestion conduisent les services informatiques à réduire ces temps de réponse et ces coûts.
L'« archivage technique » ou « purge »
Les éditeurs et les informaticiens ont donc mis en oeuvre des processus permettant de décharger les systèmes informatiques de ces données non opérationnelles. Selon les cas, les techniciens les nomment « purge » ou « archivage » (ce qui prête à confusion). Ce processus d'« archivage » technique ne doit pas être confondu avec une sauvegarde informatique, ni avec la procédure de figement telle que la recommande l'administration.
Dans le cas de l'« archivage » technique, les données sont déplacées de l'application de gestion à un environnement de stockage, sous un format généralement propriétaire. La donnée n'est plus dans l'application, mais elle n'est pas définitivement perdue.
L'épuration ne doit pas faire disparaître la piste d'audit
-> Selon que l'application de gestion est dite intégrée ou non, l'archivage va être réalisé de façon différente.
Si les applications de gestion ne sont pas intégrées directement avec la comptabilité (gestion commerciale par exemple), il sera possible d'enlever du module comptable le ou les exercices les plus anciens sans compromettre le chemin de révision.
Si l'application de gestion est intégrée, les données sont liées entre elles. Par exemple, une commande peut être passée le 30 décembre, livrée et facturée l'année suivante. Autre exemple, une commande peut concerner un projet géré dans l'ERP sur plusieurs exercices.
En clair, un progiciel intégré ne peut archiver par année ou par période, mais doit identifier, pour chaque objet métier, si le processus est terminé avant de procéder à l'archivage. Par exemple, une commande ne pourra être archivée que si elle a été livrée et payée.
-> Certains grands ERP disposent de plusieurs centaines d'objets d'archivage prédéfinis en standard. Or, le gain lié à l'archivage technique peut être conséquent : les coûts de possession sont réduits et les performances d'accès sont plus élevées. C'est pourquoi de très nombreuses sociétés mettent en place ce type d'archivage. Cependant, la difficulté est bien sûr de rendre compatibles de tels gains avec l'obligation de conservation des données.
-> Toute épuration doit être validée par le responsable du projet contrôle fiscal informatisé. Dans tous les cas, un archivage technique ne peut être entrepris par une DSI sans avoir pris en compte les contraintes fiscales et juridiques.
La purge, qui consiste à supprimer les données de l'application de gestion, qui sont alors perdues, constitue clairement une solution inappropriée pour toutes les données pouvant entrer dans le périmètre d'un contrôle fiscal, car elle entraîne la disparition de la piste d'audit.
Avant toute épuration significative, un plan d'archivage et un plan de sauvegarde du processus de reprise doivent être établis par la direction informatique et le responsable comptable et transmis au comité CFCI pour validation.
Établir une documentation sur les règles d'épuration
Il est nécessaire d'établir une documentation précisant :
- la description des règles d'épuration utilisées ;
- les contrôles effectués pour s'assurer de l'intégrité des données reprises.
De plus, il est indispensable de revoir l'ensemble des plans de sauvegarde et d'archivage du domaine afin de s'assurer de leur exhaustivité, au moment d'une opération d'épuration.
Cas des migrations de système
Les règles à respecter
De même, il faut prendre en compte les règles CFCI dans une démarche de migration de système d'information. Les problématiques portent sur :
- la conservation des données de l'ancien système afin de conserver la possibilité de réexploiter les archives ;
- la reprise des données sur le nouveau système.
Avant toute migration significative, un plan d'archivage et un plan de sauvegarde du processus de reprise doivent être établis par la direction informatique et le responsable comptable et transmis au comité CFCI pour validation.
Une attention particulière est à apporter aux migrations réalisées dans l'urgence pour tenir les délais.
La documentation de l'ancien système est conservée dans le cadre des procédures déjà décrites. Il est nécessaire de compléter cette documentation par :
- la description des règles de migration utilisées ;
- les contrôles effectués pour s'assurer de l'intégrité des données reprises.
Dans le cadre des procédures d'archivage, il est nécessaire de conserver :
- les données avant et après la migration,
- les traitements de reprise de données,
- la documentation portant sur les modalités de migration utilisées (règles, contrôles).
La procédure à appliquer
En cas de changement d'environnement informatique, trois options peuvent être envisagées :
-> conserver un contrat de maintenance a minima avec l'éditeur du logiciel et/ou le prestataire chargé du déploiement de l'application (clause prévue au départ ou avenant au contrat) jusqu'à sa date de prescription fiscale (qui peut être lointaine, parfois même au-delà de 10 ans, et dépasser par conséquent la durée de vie du matériel informatique en place) ;
-> en cas d'applicatifs développés en interne, conserver les machines, en tant que de besoin, la documentation, la cartographie ainsi que les connaissances transcrites formellement par les sachants ;
-> copier les fichiers de données sur supports et formats légaux définis par les arrêtés du 13 septembre 1991 et 31 décembre 1996 afin de les transmettre pour examen à l'administration lors du contrôle.
Attention ! Si l'environnement technique de l'ancien système n'est pas conservé, il conviendra de renforcer la qualité de la documentation et, dans l'hypothèse où il ne serait pas possible de refaire tourner les traitements, de conserver davantage de données intermédiaires.
Ne pas omettre les tests d'extraction
Une fois l'archivage réalisé, il sera utile de procéder à des tests d'extraction des données, afin de valider la capacité à répondre aux demandes des vérificateurs dans les délais. Il ne faut pas en effet sous-estimer le temps nécessaire. Plus la volumétrie est importante, plus on risque de mobiliser les systèmes.
C'est aussi l'occasion de s'assurer que le dialogue entre fiscalistes et informaticiens fonctionne. Il ne doit pas y avoir d'ambiguïté ou d'incompréhension à propos des demandes d'extraction et de traitement.
Le risque, à défaut, c'est de ne pas disposer du temps suffisant pour préparer ses réponses, ou pire de ne pas répondre aux demandes des vérificateurs dans les délais.